Une vie sans notifications
Avertissement : Cet article parle de mon expérience avec le Mudita Kompakt, mais, n’étant pas lié à cette firme, je ne répondrai à aucune question concernant cet appareil ni le Hisense A5. Tout ce que j’ai à dire au sujet de cet appareil est dans ce billet. Pour le reste, voyez les nombreuses vidéos et articles sur le Web ou rejoignez le forum de Mudita.
Le grand problème du minimalisme numérique, c’est qu’il n’y a pas une solution satisfaisante pour tout le monde. Sur les forums consacrés au minimalisme numérique, chaque solution est critiquée pour faire « trop » et, parfois par les mêmes personnes, pas assez.
J’ai vu des personnes en quête d’un dumbphone pour soigner leur addiction à l’hyperconnexion se plaindre de ne pouvoir installer Whatsapp et Facebook dessus. D’une manière générale, j’ai suffisamment d’expérience dans l’industrie pour savoir que les humains sont très mauvais pour déterminer leurs propres besoins, ce que j’appelle « le syndrome de la maison de plain-pied à 3 étages ». Je veux tout, mais que ce soit minimaliste.
L’addiction à l’écran
Il y a 6 ans, je pris conscience qu’une grande part de mon addiction à mon smartphone venait de l’écran lui-même. Comme l’a dit un jour un participant à un forum que je fréquente, les écrans sont devenus tellement beaux, les couleurs tellement riches que l’image est plus belle que la réalité. Regarder une photo de paysage aux couleurs saturées et retouchée est plus beau que de regarder le paysage en réalité, avec sa grisaille, son autoroute qui n’apparait pas dans le cadre de la photo, sa pluie fine qui nous rentre dans le cou. Nous n’utilisons plus nos smartphones pour faire quelque chose, ils font partie de notre corps et de notre esprit.
Dans mon cas personnel, se passer d’écran avec un dumbphone ne pouvait convenir, car l’usage le plus important que je fais de mon téléphone est de m’orienter à vélo et, alors que je suis au milieu de la nature, de créer un itinéraire de retour à charger sur mon GPS. Ça et utiliser Signal, le seul chat de ma vie quotidienne.
Pour être franc, le concept de dumbphone me dépasse un peu, car s’il y a bien un truc dont je n’ai pas envie ni besoin, c’est d’être joignable partout tout le temps. Si c’est pour laisser un dumbphone en silencieux dans ma poche, autant ne rien prendre du tout !
Ma quête de sobriété numérique a donc commencé avec l’un des très rares smartphones à écran e-ink, le Hisense A5 (à droite sur la photo d’illustration).
Le Hisense est un produit bon marché de piètre qualité, à destination du marché chinois. S’il ne disposait d’aucun service Google, il est plein de spywares chinois impossibles à désinstaller (mais que je tentais de contenir avec le firewall Adguard, configuré aux petits oignons pendant des heures).
Pendant six ans, j’ai utilisé exclusivement cet appareil. Lors de mon premier voyage avec, un trip en train en Bretagne pour un projet de livre, j’ai été en permanence anxieux à l’idée que « quelque chose se passe mal, car je n’avais pas un vrai smartphone ». Mais, petit à petit, je me suis surpris à moins l’utiliser que son prédécesseur, à accepter ses limites. L’écran e-ink lié à la lenteur et aux bugs du logiciel en partie en chinois ne me donnait pas du tout envie de l’utiliser. Très vite, la couleur des écrans de smartphones m’est apparue comme violente, agressive. Mais que je passe quelques minutes sur un tel écran et, soudain, je retrouve un bon vieux shoot de dopamine, une envie de l’utiliser pour faire quelque chose. Quoi ? Peu importe tant que je peux garder les yeux rivés sur ces lumineuses formes mouvantes.
L’hyperconnexion permanente
Il m’est souvent arrivé de prétendre que le Hisense n’était pas un smartphone pour éviter d’installer une app soi-disant indispensable pour un service dont j’avais besoin ou, tout simplement, pour obtenir une carte papier dans ces restaurants qui ont l’impression d’être à la pointe de la technologie, car ils ont un QR code scotché sur la table. Mais c’était un mensonge. Car le Hisense est, au fond, un smartphone des plus classiques.
J’y avais mes emails, un navigateur web et même Mastodon, que j’ai très vite supprimé, mais auquel je pouvais accéder via Firefox ou Inkbro, navigateur optimisé pour les écrans e-ink.
Mon addiction va beaucoup mieux. J’ai perdu l’habitude d’avoir mon smartphone tout le temps sur moi, ne le prenant pour sortir que si je pense en avoir réellement besoin. Ça n’a l’air de rien, mais, pour certains addicts, sortir sans téléphone est une véritable aventure. Faire l’expérience est une excellente manière de réaliser à quel point on est addict.
Le Hisense a beau être gros et moche, lorsque je l’avais avec moi et que j’avais un temps mort, je vérifiais si je n’avais pas reçu d’emails. Je devais, comme tout smartphone, penser à le remettre en silencieux lorsque j’avais activé la sonnerie, car je voulais être joignable, faire les mises à jour des toutes les apps que je gardais, car je pouvais en avoir potentiellement besoin. Bref, la gestion classique d’un smartphone.
Cela me convenait, mais, les smartphones e-ink n’ayant jamais vraiment percé, je me demandais comment j’allais remplacer un appareil qui présentait des signes de faiblesse (batterie qui se vide soudainement, chargement qui ne fonctionne plus que, intermittence).
C’est alors que j’ai été convaincu par le Kompakt de Mudita.
Mudita est une entreprise polonaise qui cherche à offrir des produits favorisant la pleine conscience. Des réveils au design épuré, des montres et un dumbphone, le Mudita Pure, qui me faisais grandement de l’œil, car basé sur un système entièrement Open Source. Malheureusement, le Pure était trop minimaliste pour moi, car ne permettant pas d’utiliser mon GPS de vélo.
Puis est arrivé le Kompakt.
Basé sur Android, le Kompakt est techniquement un smartphone. En plus petit. Et avec un écran e-ink d’une qualité bien moindre que le Hisense. Et pourtant…
Premiers pas avec le Kompakt
La première chose qui m’a frappée en déballant mon Kompakt, c’est que je n’ai dû créer aucun compte, passer par aucune procédure autre que le choix de la langue. Insérez une carte SIM, allumez et ça fonctionne.
Mudita fait très attention à la vie privée et ne propose aucun service en ligne. Le téléphone est entièrement dégooglisé voire même « décloudisé » (contrairement à, par exemple, Murena /e/OS). Pour la première fois depuis des lustres, je ne devais pas combattre mon téléphone, je ne devais pas le configurer, le transformer.
C’est incroyable comme ça m’a fait plaisir.
Pour être transparent, il faut préciser que les développeurs récupèrent des données anonymisées de debug et que ce n’est, pour le moment, pas désactivable. Une discussion à ce sujet est en cours sur le forum Mudita.
Car, oui, Mudita dispose d’un forum de discussion auquel participe une employée de la firme qui tente d’aider les utilisateurs et se fait le relais vers les développeurs. Un truc qui était la base en 2010, mais qui semble incroyable de nos jours.
Bref, je me suis senti un client respecté, pas une vache à lait. Et je n’en reviens toujours pas.
Outre le forum, ce qui m’a frappé avec le Mudita, c’est qu’il pousse réellement l’idée de minimalisme jusque dans ses retranchements. L’application GPS permet de chercher une adresse et de faire un itinéraire piéton, vélo ou voiture. Et c’est tout. Des options ? Aucune, nada, nihil ! Et vous savez quoi ? Ça fonctionne ! Vu que c’est OpenStreetMap, ça fonctionne très bien et j’ai désinstallé Comaps que j’avais mis par réflexe. L’appareil photo… prend des photos et c’est tout (on peut juste activer/désactiver le flash).
Trouver son chemin avec le Mudita Kompakt
C’est comme ça pour toutes les applis : en 10 minutes, vous aurez fait le tour de toutes les options et c’est incroyablement rafraichissant.
Bon, parfois, c’est limite trop. Le lecteur de musique affiche vos MP3 et les lit par ordre alphabétique. C’est tout. Ils ont promis d’améliorer ça, mais, au fond, je trouve ça amusant d’être limité de cette façon.
Les choses sérieuses
Si Mudita n’offre aucun service en ligne, la meilleure manière d’interagir avec son téléphone est le Mudita Center, un logiciel compatible Windows/MacOS/Linux. Après l’avoir téléchargé, vous devez brancher votre téléphone à votre ordinateur avec… retenez votre souffle… un câble USB. (sur Debian/Ubuntu, vous devez être membre du groupe "dialout". "sudo adduser ploum dialout", reboot et puis c’est bon)
Un câble ! En 2025 ! Incroyable, non ? Quand je vois comme j’ai dû me battre avec le Freewrite d’Astrohaus qui force l’utilisation de son cloud propriétaire, j’apprécie à outrance le fait de brancher mon téléphone avec un câble.
Avec le Mudita Center, vous pouvez envoyer des fichiers sur l’appareil. Les MP3 pour la musique, les epub ou les pdf, qui seront ouverts dans l’appli E-reader. Pratique pour les billets de train et autres tickets électroniques. Une section est réservée pour transférer les fichiers APK que vous voulez « sideloader ». On s’est tellement fait entuber par Google et Apple qu’on a perdu le droit d’utiliser le mot « installer » en parlant d’un logiciel. Ce mot est désormais privatisé et il faut « sideloader » (du moins tant que c’est encore légalement possible…).
Dans mon cas, je n’ai sideloadé qu’un seul APK : F-Droid. Avec F-Droid, j’ai pu installer Molly (un client Signal), mon gestionnaire de mot de passe, mon appli 2FA, le clavier Flickboard et Aurora Store. Avec Aurora Store, j’ai pu installer Komoot, Garmin, Proton Calendar et l’app SNCB pour les horaires de train. Pas de navigateur ni d’email cette fois ! Je me suis quand même accordé l’application Wikipédia, pour tester.
Tout est petit, en noir et blanc (ça, j’avais déjà l’habitude), mais, dans mon cas, tout fonctionne. Attention que ce ne sera peut-être pas votre cas. Les applis qui ont besoin des services Google, comme Strava, refuseront de se lancer (ce qui ne change pas de mon Hisense). Mon appli bancaire nécessite une caméra à selfie (ce que le Kompakt n’a pas) et je vais devoir trouver une solution de rechange.
Au fait, Mudita ne permet pas de personnaliser la liste des applications. Celles-ci sont classées par ordre alphabétique. Pas de raccourcis, pas d’options. Si c’est perturbant au début, cela se révèle très vite très appréciable, car c’est, une fois encore, un truc de moins à penser, une excuse de moins pour chipoter.
À noter qu’il est cependant possible de cacher des applications. Si vous n’utilisez pas l’app de méditation, vous pouvez la cacher, tout simplement. Simple et efficace.
Les notifications
C’est lorsque j’ai reçu mon premier message Signal que j’ai réalisé un truc étrange. J’ai bien entendu le son, mais je ne voyais pas de notifications.
Et pour cause… Le Mudita Kompakt n’a pas de notifications ! L’écran d’accueil vous montre si vous avez eu des appels ou des SMS, mais, pour le reste, il n’y a pas de notifications du tout !
Mon premier réflexe a été d’investiguer l’installation d’un launcher alternatif, InkOS, qui permet une plus grande configurabilité et des notifications.
Mais… Attendez une seconde ! Que suis-je en train de faire ? Je cherche à refaire un smartphone ! Et si je tentais d’utiliser le Mudita de la manière pour laquelle il a été conçu ?Sans notifications !
Le seul réel problème avec cette approche c’est que les notifications existent, mais que Mudita les cache. On les entend donc, mais on ne peut pas savoir d’où elles proviennent.
Dans mon cas, c’est essentiellement Signal (enfin, Molly pour celleux qui suivent). Dans Signal, j’ai donc configuré un profil de notification qui soit silencieux sauf pour les membres de ma famille proche.
Si j’entends mon téléphone faire un son, je sais que c’est un message de ma famille. Pour les autres, je ne les vois que lorsque je choisis d’ouvrir Signal. Ce qui est exactement ce qu’un système de communication devrait être.
Bien entendu, les choses se compliquent si vous avez plusieurs applications qui envoient des notifications. Il est possible d’avoir accès aux notifications et de les désactiver par applications en utilisant "Activity Launcher" disponible sur F-Droid. C’est un peu du chipotage, mais ça m’a permis de désactiver les notifications « parasites » de tout ce qui n’est pas Signal.
La vie sans notifications
Lorsqu’on accepte ce mode de fonctionnement, le Mudita prend soudainement tout son sens.
J’avais déjà fortement réduit les notifications sur le Hisense. Il était d’ailleurs en silencieux la plupart du temps. Mais, à chaque fois que je consultais l’écran, je voyais les petites icônes. Machinalement, je glissais mon doigt pour faire apparaître le tiroir à notifications et « vérifier » avant de glisser latéralement pour supprimer.
Bon sang que j’ai en horreur ces gestes de glissement des doigts, jamais précis, jamais satisfaisant comme le bruit d’une touche qu’on enfonce. Tiens, le Mudita ne permet d’ailleurs pas de « swiper » dans la liste des applications. Il faut faire défiler avec une flèche. C’est minime, mais j’apprécie !
Mais même si je n’avais pas de notifications sur le Hisense, je vérifiais de temps en temps si je n’avais pas reçu un mail important. Je vérifiais une information sur un site web.
Oh, rien de bien méchant. Une addiction parfaitement sous contrôle. Mais une série de réflexes dont j’avais envie de nettoyer ma vie.
Avec le Mudita Kompakt, l’expérience est très perturbante. Machinalement, je saisis l’appareil et… rien. Il n’y a rien à faire. La seule chose que je peux vérifier, c’est Signal. Je suis ensuite forcé de reposer ce petit écran.
Pas besoin non plus de mettre en silencieux ou en mode avion. Le Kompakt dispose d’un switch hardware « Offline+ » qui désactive tous les réseaux, tous les capteurs, y compris l’appareil photo et le micro. En Offline+, rien ne rentre et rien ne sort de l’appareil. Et quand je suis connecté, je sais que je n’aurai que les appels téléphoniques, les sms et les messages Signal de ma famille proche.
C’est comme un nouveau monde…
Tout n’est pas parfait
On ne va pas se leurrer, le Mudita Kompakt est loin d’être parfait. Il est petit, mais un peu trop gros. Il y a des bugs comme l’alarme qui se déclenche en retard ou pas du tout, comme l’appareil photo qui met près de deux secondes entre la pression sur le bouton et la prise effective de l’image (mais c’est déjà mieux que l’appareil photo du Hisense dont la lentille s’est bloquée après quelques semaines d’utilisation, rendant toutes mes photos irrémédiablement floues).
Le forum regorge d’utilisateurs insatisfaits. Pour certains car je pense qu’ils n’ont pas conscientisé les limites du minimalisme numérique, qu’ils espéraient un smartphone complet avec un écran e-ink. Mais, dans d’autres cas, c’est clairement à cause de bugs dans le système pour des cas d’usage qui ne me concernent pas directement, comme les problèmes Bluetooth alors que je suis tout heureux d’avoir un jack audio. Le Kompakt utilise une version très fortement modifiée et dégooglisée d’Android 12 (les téléphones Googe sont à Android 16). Le hardware lui-même est assez ancien (plus que mon Hisense). Ce sont des détails qui peuvent se révéler importants. La batterie, par exemple, tient 3/4 jours, ce qui n’est pas extraordinaire en comparaison avec le Hisense. Une heure de hotspot wifi consomme 10% de batterie là où le Hisense n’en perdait pas 3%.
L’application musicale est vraiment très minimaliste !
Malgré ses limites, l’appareil n’est pas bon marché et il est probablement possible de configurer n’importe quel appareil Android pour avoir un écran épuré et pas de notifications. Mais ce qui me plaît avec le Mudita c’est justement le fait que je ne le configure pas. Que je ne cherche pas à comprendre ce que je dois bloquer, que je ne passe pas du temps à optimiser mon écran d’accueil ou le placement des applications.
Ça ne conviendra certainement pas à tout le monde. Il y a certainement plein de défauts qui rendent le Kompakt inutilisable pour vous. Mais pour mon petit cas personnel et pour mon mode de vie actuel, c’est un vrai bonheur (à l’exception de cette saleté d’appli bancaire pour laquelle je n’ai pas encore trouvé de solution).
Accepter de lâcher prise
Car, oui, je vais rater des choses. Je verrai des mails urgents bien plus tard. Je ne pourrai pas chercher une information rapide quand je suis en déplacement. Je ne pourrai pas prendre de belles photos.
C’est le principe même ! Le minimalisme numérique c’est, par essence, ne plus pouvoir tout faire tout le temps. C’est être forcé de s’ennuyer dans les temps morts, de planifier certaines expéditions, de demander une information autour de soi si nécessaire, de se dire, dans certaines situations, que la vie aurait été plus facile avec un smartphone traditionnel.
Si vous n’avez pas effectué à l’avance ce travail de faire le tri entre ce qui est vraiment nécessaire pour vous, ne songez même pas à prendre un téléphone minimaliste comme le Kompakt. Ce téléphone me convient parce que ça fait des années que je réfléchis à ce sujet et parce qu’il est compatible avec mon mode de vie et mes obligations.
Si vous idéalisez le minimalisme sans réfléchir aux conséquences, vous serez frustrés à la première friction, à la première perte de cette facilité omniprésente qu’est le smartphone. Le minimalisme numérique est également un concept très personnel. Quand je vois le nombre d’appareils connectés que je possède, j’ai du mal à dire que je suis un « minimaliste ». Je cherche juste à conscientiser et à faire en sorte que chaque appareil ait pour moi un bénéfice très clair avec le moins possible de désavantages (comme mon GPS de vélo ou mon analyseur de qualité d’air). Je ne suis pas vraiment minimaliste, je pense juste que le smartphone traditionnel a sur ma vie un impact négatif très important que je cherche à minimiser.
Certain·es me disent qu’ils n’ont pas le choix. Comme le dit très bien Jose Briones, c’est faux. Nous avons, pour le moment, le choix. C’est juste que ce n’est pas un choix facile et qu’il faut assumer les conséquences, accepter de changer son mode de vie pour cela.
L’obligation du smartphone
Et, justement, ce qui est le plus effrayant avec cette démarche de tenter de minimiser l’usage du smartphone, c’est de réaliser à quel point il devient presque obligatoire d’en avoir un, à quel point ce choix devient de plus en plus ténu. Des services commerciaux, mais également des administrations publiques considèrent que vous avez obligatoirement un smartphone récent, que vous disposez d’un compte Google, d’une connexion Internet permanente, d’une batterie bien chargée et que vous êtes d’accord d’installer une énième application dessus et de créer un compte en ligne pour quelque chose d’aussi mondain que de payer un emplacement de parking ou accéder à un événement. Un contrôleur de train me confiait récemment que la SNCB planifiait de supprimer le ticket papier pour mettre en avant l’usage de l’app et du smartphone.
Sur les forums minimalistes, j’ai même découvert une catégorie d’utilisateurs qui possèdent un smartphone classique pour aller au travail, par simple peur d’être moqué ou de passer pour un rebelle auprès de leurs collègues. De la même manière, certains refusent d’installer Signal ou d’effacer leur compte Facebook par crainte que cela puisse paraître suspect. Une chose me semble claire : si c’est la peur de potentiellement paraître suspect qui vous retient, il est urgent d’agir maintenant, tant que cette suspicion n’est que potentielle. Installez Signal et GrapheneOS ou /e/OS maintenant pour avoir l’excuse, dans le futur, de dire que ça fait des mois ou des années que vous fonctionnez comme cela.
Dans le cas du smartphone, je constate avec effroi que s’il est théoriquement possible de ne jamais en avoir eu, il est extrêmement difficile de revenir en arrière. Les banques, par exemple, empêchent souvent de revenir à une méthode d’authentification sans smartphone une fois que celle-ci a été activée !
Je souris quand je pense aux fois où mon refus du smartphone m’a valu une réflexion de type : « Ah ? Vous n’êtes pas à l’aise avec les nouvelles technologies ? ». Souvent, je ne réponds pas. Ou je me contente d’un « si, justement… ». Au moins, avec le Mudita, je pourrai le brandir et affirmer haut et fort : je n’ai pas de smartphone !
Vous et moi, nous savons que ce n’est techniquement pas tout à fait vrai, mais ceux qui veulent imposer l’ubiquité du smartphone GoogApple sont, par définition, des ignares technologiques. Ils n’y verront que du feu… Et, pour un temps, ils seront encore forcés de s’adapter, d’accepter que, non, tout le monde n’a pas tout le temps un smartphone.