De lāutilisation des smartphones et des tablettes chez les adolescents
Chers parents, chers enseignants, chers Ʃducateurs,
Nous le savons toutes et tous, le smartphone est devenu un objet incontournable de notre quotidien, nous connectant en permanence au rĆ©seau Internet qui, avant cela, restait cantonnĆ© aux ordinateurs sur nos bureaux. En voyant grandir nos enfants, la question se poseāÆ: quand, comment et pourquoi les faire entrer dans le monde de cette hyperconnexion permanente.
Lāadolescence est une phase critique de la vie durant laquelle le cerveau est particuliĆØrement rĆ©ceptif et forme des rĆ©flexes qui resteront ancrĆ©s toute une vie. Cāest Ć©galement une pĆ©riode durant laquelle la pression du groupe et le dĆ©sir de conformitĆ© sociale sont les plus importants. Ce nāest pas un hasard si les producteurs de cigarettes et dāalcool ciblent explicitement les adolescents dans le marketing de leur produit.
Le smartphone Ć©tant une invention incroyablement rĆ©cente, nous manquons totalement de recul sur lāimpact quāil peut avoir durant la croissance. Est-il totalement inoffensif ou sera-t-il considĆ©rĆ©, dāici quelques annĆ©es, comme le tabac lāest aujourdāhuiāÆ? Personne ne le sait avec certitude. Nos enfants sont les cobayes de cette technologie.
Il me parait important de souligner certains points importants, qui ne sont que quelques ƩlƩments parmi les nombreuses problƩmatiques ƩtudiƩes dans le domaine
Lāattention et la concentration
Il est dĆ©sormais dĆ©montrĆ© que le smartphone perturbe grandement lāattention et la concentration, y compris chez les adultes. Ce nāest pas un hasardāÆ: il est conƧu pour cela. Les entreprises comme Google et Meta (Facebook, Whatsapp, Instagram) sont payĆ©es proportionnellement au temps que nous passons devant lāĆ©cran. Tout est optimisĆ© en ce sens. Le simple fait dāavoir un tĆ©lĆ©phone prĆØs de soi, mĆŖme Ć©teint, perturbe le raisonnement et fait baisser sensiblement les rĆ©sultats de tests de QI.
Le cerveau acquiert le rĆ©flexe dāattendre des notifications de nouveaux messages de cet appareil, sa seule prĆ©sence est donc un handicap majeur dans toutes les tĆ¢ches qui requiĆØrent de lāattentionāÆ: lecture, apprentissage, rĆ©flexion, calculs. Il ne suffit pas de lāĆ©teindre : il faut le mettre Ć distance, si possible dans une piĆØce diffĆ©rente !
Il est dĆ©montrĆ© que lāutilisation des rĆ©seaux sociaux comme Tik-Tok perturbe complĆØtement la notion du temps et la formation de la mĆ©moire. Nous en avons tous fait lāexpĆ©rienceāÆ: nous jurons avoir passĆ© 10 minutes sur notre smartphone alors quāil sāest en rĆ©alitĆ© Ć©coulĆ© prĆØs dāune heure.
Pour mĆ©moriser et apprendre, le cerveau a besoin de temps de repos, de vide, dāennui et de rĆ©flexion. Ces nĆ©cessaires temps Ā«āÆmortsāÆĀ» dans les trajets, dans les files dāattente, dans la solitude dāune chambre dāadolescent voire mĆŖme durant un cours rĆ©barbatif ont Ć©tĆ© supplantĆ©s par une hyperconnexion.
Lāangoisse sociale et la perturbation du sommeil
MĆŖme lorsque nous ne lāutilisons pas, nous savons que les conversations continuent. Que des messages importants sont peut-ĆŖtre Ć©changĆ©s en notre absence. Cette sensation bien connue appelĆ©e Ā« FOMOāÆĀ» (Fear Of Missing Out, peur de manquer quelque chose) nous pousse Ć consulter notre tĆ©lĆ©phone jusque tard dans la nuit et dĆØs le rĆ©veil. Une proportion inquiĆ©tante de jeunes reconnaissent se rĆ©veiller durant la nuit pour consulter leur smartphone. Or la qualitĆ© du sommeil est fondamentale dans le processus dāapprentissage et de formation du cerveau.
La santƩ mentale
De rĆ©centes avancĆ©es dĆ©montrent une corrĆ©lation forte entre le degrĆ© dāutilisation des rĆ©seaux sociaux et les symptĆ“mes de dĆ©pression. Le monde occidental semble atteint dāune Ć©pidĆ©mie de dĆ©pression adolescente, Ć©pidĆ©mie dont la temporalitĆ© correspond exactement avec lāapparition du smartphone. Les filles en dessous de 16 ans sont la population la plus touchĆ©e.
Le harcèlement et la prédation
Sur les rĆ©seaux sociaux, il est trivial de crĆ©er un compte anonyme ou usurpant lāidentitĆ© dāune autre personne (contrairement Ć ce quāil est parfois affirmĆ© dans les mĆ©dias, il nāest pas nĆ©cessaire dāĆŖtre un gĆ©nie de lāinformatique pour mettre un faux nom dans un formulaire). Ć lāabri sous cet anonymat, il est parfois trĆØs tentant de faire des blagues de mauvais goĆ»t, de tenir des propos injurieux, de rĆ©vĆ©ler aux grands jours les secrets dont les adolescents sont friands voire de calomnier pour rĆ©gler des diffĆ©rends de cours de rĆ©crĆ©. Ces comportements ont toujours fait partie de lāadolescence et font partie dāune exploration naturelle normale des relations sociales. Cependant, le fonctionnement des rĆ©seaux sociaux aggrave fortement lāimpact de ces actions tout en favorisant lāimpunitĆ© du responsable. Cela peut conduire Ć des consĆ©quences graves allant au-delĆ de ce quāimaginent initialement les participants.
Ce pseudonymat est Ć©galement une bĆ©nĆ©diction pour les personnes mal intentionnĆ©es qui se font passer pour des enfants et, aprĆØs des semaines de discussion, proposent Ć lāenfant de se retrouver en vrai, mais sans rien dire aux adultes.
Au lieu dāen tirer des leƧons sociales Ć©ducatives, nous appelons les adolescents faisant des blagues de mauvais goĆ»t des Ā«āÆpirates informatiquesāÆĀ», stigmatisant lāutilisation de la technologie plutĆ“t que le comportement. Le thĆØme des prĆ©dateurs sexuels est mis en exergue pour rĆ©clamer Ć cor et Ć cri des solutions de contrĆ“le technologiques. Solutions que les gĆ©ants de lāinformatique se font un plaisir de nous vendre, jouant sur la peur et stigmatisant la technologie ainsi que celles et ceux qui ont le malheur dāen avoir une comprĆ©hension intuitive.
La peur et lāincomprĆ©hension deviennent les moteurs centraux pour mettre en avant une seule valeur Ć©ducativeāÆ: obĆ©ir aveuglĆ©ment Ć ce qui est incomprĆ©hensible et ce quāil ne faut surtout pas essayer de comprendre.
La fausse idĆ©e de lāapprentissage de lāinformatique
Car il faut Ć tout prix dĆ©construire le mythe de la Ā«āÆgĆ©nĆ©ration numĆ©riqueāÆĀ».
Contrairement Ć ce qui est parfois exprimĆ©, lāutilisation dāun smartphone ou dāune tablette ne prĆ©pare en rien Ć lāapprentissage de lāinformatique. Les smartphones sont, au contraire, conƧus pour cacher la maniĆØre dont ils fonctionnent et sont majoritairement utilisĆ©s pour discuter et suivre des publications sponsorisĆ©es. Ils prĆ©parent Ć lāinformatique autant que lire un magazine people Ć lāarriĆØre dāun taxi prĆ©pare Ć devenir mĆ©canicien. Ce nāest pas parce que vous ĆŖtes assis dans une voiture que vous apprenez son fonctionnement.
Une dame de 87 ans se sert dāune tablette sans avoir Ć©tĆ© formĆ©e, mais il faudrait former les enfants Ć lāĆ©coleāÆ?
Former Ć utiliser Word ou PowerPointāÆ? Les enfants doivent apprendre Ć dĆ©couvrir les gĆ©nĆ©ralitĆ©s des logiciels, Ć tester, Ć Ā«āÆchipoterāÆĀ», pas Ć reproduire Ć lāaveugle un comportement propre Ć un logiciel propriĆ©taire donnĆ© afin de les prĆ©parer Ć devenir des clients captifs. Et que dire dāun PowerPoint qui force Ć casser la textualitĆ©, la capacitĆ© dāĆ©criture pour rĆ©duire des idĆ©es complexes sous forme de bullet pointsāÆ? Former Ć PowerPoint revient Ć inviter ses Ć©lĆØves dans un fast-food sous prĆ©texte de leur apprendre Ć cuisiner.
Lāaspect propriĆ©taire et fermĆ© de ces logiciels est incroyablement pervers. Introduire Microsoft Windows, Google Android ou Apple iOS dans les classes, cāest forcer les Ć©tudiants Ć fumer Ć lāintĆ©rieur sans ouvrir les fenĆŖtres pour en faire de bons apnĆ©istes qui savent retenir leur souffle. Cāest Ć la fois dangereusement stupide et contre-productif.
De maniĆØre Ć©tonnante, cāest dāailleurs dans les milieux de lāinformatique professionnelle que lāon trouve le plus de personnes retournant aux Ā«āÆdumbphonesāÆĀ», tĆ©lĆ©phones simples. Car, comme dit le proverbe Ā«āÆQuand on sait comment se prĆ©pare la saucisse, on perd lāenvie dāen mangerā¦āÆĀ»
Que faire�
Le smartphone est omniprĆ©sent. Chaque gĆ©nĆ©ration transmet Ć ses enfants ses propres peurs. Sāil y a tant de discussions, de craintes, de volontĆ© Ā«āÆdāĆ©ducationāÆĀ», cāest avant tout parce que la gĆ©nĆ©ration des parents dāaujourdāhui est celle qui est le plus addict Ć son smartphone, qui est la plus espionnĆ©e par les monopoles publicitaires. Nous avons peur de lāimpact du smartphone sur nos enfants parce que nous nous rendons confusĆ©ment compte de ce quāil nous inflige.
Mais les adolescents ne sont pas forcĆ©s dāĆŖtre aussi naĆÆfs que nous face Ć la technologie.
Commencer le plus tard possible
Les pĆ©diatres et les psychiatres recommandent de ne pas avoir une utilisation rĆ©guliĆØre du smartphone avant 15 ou 16 ans, le systĆØme nerveux et visuel Ć©tant encore trop sensible avant cela. Les adolescents eux-mĆŖmes, lorsquāon les interroge, considĆØrent quāils ne devraient pas avoir de tĆ©lĆ©phone avant 12 ou 13 ans.
Si une limite dāĆ¢ge nāest pas rĆ©aliste pour tout le monde, il semble important de retarder au maximum lāutilisation quotidienne et rĆ©guliĆØre du smartphone. Lorsque votre enfant devient autonome, privilĆ©giez un Ā«āÆdumbphoneāÆĀ», un simple tĆ©lĆ©phone lui permettant de vous appeler et de vous envoyer des SMS. Votre enfant arguera, bien entendu, quāil est le seul de sa bande Ć ne pas avoir de smartphone. Nous avons tous Ć©tĆ© adolescents et utilisĆ© cet argument pour nous habiller avec le dernier jeans Ć la mode.
Comme le signale Jonathan Haidt dans son livre Ā«āÆThe Anxious GenerationāÆĀ», il y a un besoin urgent de prendre des actions collectives. Nous offrons des tĆ©lĆ©phones de plus en plus tĆ“t Ć nos enfants, car ils nous disent Ā«āÆTout le monde en a sauf moiāÆĀ». Nous cĆ©dons, sans le savoir, nous forƧons dāautres parents Ć cĆ©der. Des expĆ©riences pilotes dāĆ©coles Ā«āÆsans tĆ©lĆ©phoneāÆĀ» montrent des rĆ©sultats immĆ©diats en termes de bien-ĆŖtre et de santĆ© mentale des enfants..
Parlez-en avec les autres parents. DĆ©veloppez des stratĆ©gies ensemble qui permettent de garder une utilisation raisonnable du smartphone tout en Ć©vitant lāexclusion du groupe, ce qui est la plus grande hantise de lāadolescent.
Discutez en amont avec votre enfant
Expliquez Ć votre enfant les problĆ©matiques liĆ©es au smartphone. PlutĆ“t que de prendre des dĆ©cisions arbitraires, consultez-le et discutez avec lui de la meilleure maniĆØre pour lui dāentrer dans le monde connectĆ©. Ćtablissez un lien de confiance en lui expliquant de ne jamais faire confiance Ć ce quāil pourra lire sur le tĆ©lĆ©phone.
Dans le doute, il doit avoir le rĆ©flexe dāen discuter avec vous.
Introduisez lāoutil progressivement
Ne laissez pas votre enfant se dĆ©brouiller directement avec un smartphone une fois votre limite dāĆ¢ge atteinte.
Bien avant cela, montrez-lui comment vous utilisez votre propre smartphone, votre ordinateur. Montrez-lui la mĆŖme page WikipĆ©dia sur les deux outils en expliquant quāil ne sāagit que dāune maniĆØre de visualiser un contenu qui se trouve sur un autre ordinateur.
Lorsque votre enfant reƧoit son propre appareil, introduisez-le progressivement en ne lui autorisant lāutilisation que pour des cas particuliers. Vous pouvez par exemple garder le tĆ©lĆ©phone, en ne le donnant Ć lāenfant que lorsquāil en fait la demande pour une durĆ©e limitĆ©e et pour un usage prĆ©cis. Ne crĆ©ez pas immĆ©diatement des comptes sur toutes les plateformes Ć la mode. Observez avec lui les rĆ©flexes quāil acquiert, discutez sur lāinondation permanente que sont les groupes Whatsapp.
Parlez de vie privƩe
Rappelez Ć votre enfant que lāobjectif des plateformes monopolistiques est de vous espionner en permanence afin de revendre votre vie privĆ©e et de vous bombarder de publicitĆ©s. Que tout ce qui est dit et postĆ© sur les rĆ©seaux sociaux, y compris les photos, doit ĆŖtre considĆ©rĆ© comme public, le secret nāest quāune illusion. Une rĆØgle dāor : on ne poste pas ce quāon ne serait pas confortable de voir afficher en grand sur les murs de lāĆ©cole.
Au Danemark, les Ć©coles ne peuvent dĆ©sormais plus utiliser de Chromebook pour ne pas enfreindre la vie privĆ©e des enfants. Mais ne croyez pas quāAndroid, Windows ou iOS soient mieux en termes de vie privĆ©e.
Pas dans la chambre
Ne laissez jamais votre enfant dormir avec son tĆ©lĆ©phone. Le soir, le tĆ©lĆ©phone devrait ĆŖtre rangĆ© dans un endroit neutre et hors de portĆ©e. De mĆŖme, ne laissez pas le tĆ©lĆ©phone Ć portĆ©e de main lorsque lāenfant fait ses devoirs. Il en va de mĆŖme pour les tablettes et autres laptops qui ont exactement les mĆŖmes fonctions. IdĆ©alement, les Ć©crans sont Ć Ć©viter avant dāaller Ć lāĆ©cole pour Ć©viter de commencer la journĆ©e en Ć©tant dĆ©jĆ en Ć©tat de fatigue attentionnelle. Nāoubliez pas que le smartphone peut ĆŖtre le vecteur de messages et dāimages dĆ©rangeantes, voire choquantes, mais Ć©trangement hypnotiques. Lāeffet de la lumiĆØre des Ć©crans sur la qualitĆ© du sommeil est Ć©galement une problĆ©matique encore mal comprise.
Continuez la discussion
Il existe des logiciels dits de Ā«āÆContrĆ“le parentalāÆĀ». Mais aucun logiciel ne remplacera jamais la prĆ©sence des parents. PireāÆ: les enfants les plus dĆ©brouillards trouveront trĆØs vite des astuces pour contourner ces limitations voire seront tentĆ©s de contourner ces limitations uniquement parce quāelles sont arbitraires. PlutĆ“t que dāimposer un contrĆ“le Ć©lectronique, prenez le temps de demander Ć vos enfants ce quāils font sur leur tĆ©lĆ©phone, avec qui ils parlent, ce qui se dit, quels sont les logiciels quāils utilisent.
Lāutilisation dāInternet peut ĆŖtre Ć©galement trĆØs bĆ©nĆ©fique en permettant Ć lāenfant dāapprendre sur des sujets hors programmes ou de dĆ©couvrir des communautĆ©s partageant des centres dāintĆ©rĆŖt diffĆ©rents de ceux de lāĆ©cole.
De la mĆŖme maniĆØre que vous laissez votre enfant frĆ©quenter un club de sport ou de scoutisme tout en lāempĆŖchant de trainer avec une bande de voyous dans la rue, vous devez contrĆ“ler les frĆ©quentations de vos enfants en ligne. Loin des groupes Whatsapp scolaires, votre enfant peut trouver des communautĆ©s en ligne partageant ses centres dāintĆ©rĆŖt, communautĆ©s dans lesquelles il pourra apprendre, dĆ©couvrir et sāĆ©panouir sāil est bien aiguillĆ©.
Donnez lāexemple, soyez lāexempleāÆ!
Nos enfants ne font pas ce quāon leur dit de faire, ils font ce quāils nous voient faire. Les enfants ayant vu leurs parents fumer ont le plus grand risque de devenir fumeurs Ć leur tour. Il en est de mĆŖme pour les smartphones. Si notre enfant nous voit en permanence sur notre tĆ©lĆ©phone, il nāa pas dāautre choix que de vouloir nous imiter. Lāun des plus beaux cadeaux que vous pouvez faire est donc de ne pas utiliser compulsivement votre tĆ©lĆ©phone en prĆ©sence de votre enfant.
Oui, vous devez traiter et prendre conscience de votre propre addictionāÆ!
PrĆ©voyez des pĆ©riodes où vous le mettez-le en silencieux ou en mode avion et où il est rangĆ© Ć lāĆ©cart. Lorsque vous prenez votre tĆ©lĆ©phone, expliquez Ć votre enfant lāusage que vous en faites.
Devant lui, mettez-vous Ć lire un livre papier. Et, non, la lecture sur lāiPad nāest pas Ā«āÆpareilleāÆĀ».
Dāailleurs, si vous manquez dāidĆ©e, je ne peux que vous recommander mon dernier romanāÆ: une aventure palpitante Ć©crite Ć la machine Ć Ć©crire qui traite de vĆ©lo, dāadolescence, de fin du monde et de smartphones Ć©teints pour toujours. Oui, la publicitĆ© sāest mĆŖme glissĆ©e dans ce texte, quel scandaleāÆ!
Donnez le goĆ»t de lāinformatique, pas celui dāĆŖtre contrĆ“lĆ©
Il ne faut pas tirer sur le messagerāÆ: le responsable nāest pas Ā«āÆlāĆ©cranāÆĀ», mais lāutilisation que nous en faisons. Les monopoles informatiques tentent de rendre les utilisateurs addicts, prisonniers pour les bombarder de publicitĆ©s, pour les faire consommer. LĆ sont les responsables.
Apprendre la programmation (ce qui se fait au dĆ©part trĆØs bien sans Ć©cran), jouer Ć des jeux vidĆ©os profonds avec des histoires complexes ou simplement drĆ“les pour passer un moment amusant, discuter en ligne avec des passionnĆ©s, dĆ©vorer WikipĆ©dia⦠Lāinformatique moderne nous ouvre de magnifiques portes dont il serait dommage de priver nos enfants.
Au lieu de cĆ©der Ć nos propres peurs, angoisses et incomprĆ©hensions, nous devons donner Ć nos enfants le goĆ»t de reprendre le contrĆ“le de lāinformatique et de nos vies, contrĆ“le que nous avons un peu trop facilement cĆ©dĆ© aux monopoles publicitaires en Ć©change dāun rectangle de verre affichant des icĆ“nes de couleur.
Une enfant sāĆ©tonne de ne plus retrouver un livre sur sa tablette, la maitresse lui explique que des entreprises ont dĆ©cidĆ© que ce livre nāĆ©tait pas bon pour elle.
Accepter lāimperfection
Ā«āÆJāavais des principes, aujourdāhui jāai des enfantsāÆĀ» dit le proverbe. Impossible dāĆŖtre parfait. Quoi que nous fassions, nos enfants seront confrontĆ©s Ć des conversations toxiques, des dessins animĆ©s dĆ©biles et cāest bien normal. En tant que parents, nous faisons ce que nous pouvons, avec nos rĆ©alitĆ©s.
Personne nāest parfait. Surtout pas un parent.
Lāimportant nāest pas dāempĆŖcher Ć tout prix nos enfants dāĆŖtre sur un Ć©cran, mais de prendre conscience quāun smartphone nāest absolument pas un outil Ć©ducatif, quāil ne prĆ©pare Ć rien dāautre que de faire de nous de bons consommateurs passifs.
Le seul apprentissage rĆ©ellement nĆ©cessaire est celui dāun esprit critique dans lāutilisation dāun outil informatique.
Et dans cet apprentissage, les enfants ont souvent beaucoup Ć apprendre aux adultesāÆ!
UPDATE juin 2025āÆ: un large panel dāexperts a tentĆ© de dĆ©gager un vĆ©ritable consensus scientifique. Le rĆ©sultat est que personne ne discute les impacts nocifs du smartphone sur le sommeil des adolescents, sur lāattention et sur la dĆ©gradation de la santĆ© mentale.